Wednesday, November 18, 2015

Feu et flots, sur Lampedusa.

Quand je vois, devant moi, Sur quelques centaines de mètres, Des milliers de bouts calcinés de bois, D’un bateau en feu, ou ce qui peut en paraître. Je n’avais pas besoin d’imaginer, De croire ou de supposer, ce qui serait arrivé. Des poutres et des planches brûlées, Oxydées jusqu’au bout et calcinées. Hélas, s’ils auraient été pour chauffer, Pour faire la cuisine ou s’amuser, Mais c’était sous les pieds, Fumant les corps fatigués, Des émigrés clandestins Harraga, Allant vers Lampedusa. Comme des papillons les attirait, Par ses lumières et sa liberté, Pensant que le reste du monde est désert, Inhospitalier et pervers. Mais le charbon de bois témoigne toujours, Du drame d’incinération de mes frères, Tués par une étincelle de parcours, Ou une lance flamme volontaire. Ils n’avaient malheureusement pas ou aller, Se laisser enfumer ou chavirer, Ni le ciel ni la terre ne vous épargnaient, Ce que les flots de la mer complétaient. Je suis morfondu par le doute, Devant cette affreuse déroute, De l’humanité des hommes, Dans cet éternel pogrom. Mais quand je trouve sur la plage, Les traces de l’incinération arrivée, Des chaussures aux semelles brûlées, Portant encore les lacets noués, Je ne pouvais que douter, De ce qui aurait pu arriver, Dans une compassion solidaire, Aux émigrés clandestins mes frères. Ainsi, il en fut, ainsi, qualifiée, Un crime contre l’humanité, Par l’incinération ou l’immersion, Sans témoin ni délation, Entre les vagues de l’oubli Et l’insouciance de l’infini. Pendant que des mères attendent, Dans les douars du Mali, Ou le décombres de Syrie, Des nouvelles réconfortantes, De leurs enfants envoyés en éclaireurs, Pour un possible bonheur. Paix sur les Harraga mes amis, Paix sur les victimes de l’infamie, Paix, paix, jusqu’aux lueurs de l’aube, Pour que les lumières du soleil englobent, De paix, nos cœurs, épris de paix, Une journée qui fait tarder… Une journée de paix…attardée. Lihidheb Mohsen éco artiste Zarzis 17.11.2015

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