Friday, August 10, 2018

Profil d'un migrant clandestin potentiel local.

D’une famille relativement pauvre, qui s’en sortait par de différentes ressources sporadiques et incertaines, avait une éducation moyenne, suffisante pour lire et écrire et comprendre le « bien et le mal » comme on dit ici, travaillant quelques fois dans la construction auprès des riches anciens émigrés actuellement en retraite dorée, allait quelques fois à la pêche côtière et endurait les affres des intempéries, les doigts meurtris par le démêlage des crabes géants « Daech » des filets, s’asseyait souvent au café du village à regarder les acrobaties routières des fils d’émigrés revenant sur leurs bolides amphibies, dansait dans les mariages flamboyants des émigrés clandestins qui avaient réussi , rêvait des horizons du nord répondant à une culture irrésistible d’Euro centrisme et une attraction presque vitale vers le nord, subissait les remarques désobligeantes de la famille l’incitant à faire comme les jeunes de son âge et de tenter sa chance vers l’Europe, subissait aussi les appels incessant de ses semblables « Harraga » potentiels malgré les conseils des amis avertis déjà là-bas, éviter jusqu’au bout du possible de ne pas tomber dans la solution des petits délits, soucieux de la fragilité du secteur du tourisme où il glanait quelques petits services, résistait aux appels internes de son jeune physique vigoureux et son esprit vif à s’en aller vers l’aventure, allait au service public pour faire soigner un parent sérieusement malade et constatait l’incohérence flagrante et grave dans les rapports et les soins, regardait les belles jeunes filles de son village aller vers les riches émigrés ce qui lui rendait la gorge serrée dans l’impuissance et le désespoir, tentait de récolter la somme sérieuse de la traversée de la mer sans y parvenir, regardait ses frères et sœurs dans le chômage sans le moindre espoir d’emploi ou de délivrance…Voici donc, le portrait, le profil, d’un nord africain, pour ne pas dire ceux de l’Afrique noire, plus grave, et que les preneurs de décisions, du sud ou du nord, considèrent sérieusement et donnent à ces gens, pendant qu’ils sont encore vivants, un bien être légitime et une dignité humaine équitable. Lihidheb Mohsen 10.08.18