La révolution et la Harga
Le phénomène d’émigration clandestine, d’avant la révolution du peuple, servait les uns et les autres à rejoindre le paradis promis en Europe à partir de la Lybie ou de la Tunisie, comme il servait les politiques à se débarrasser d’une catégorie sociale encombrante sur les plans de l’embauche et la délinquance. Alimenté par une vie dure dans le pays, la sécheresse, le mauvais partage des maigres disponibilités, cet exode qu’on osait qualifié d’écologique ou écolo-politique, s’est arrêté depuis plus d’une année par une législation drastique aux pays de l’arrivée et du départ des « Harraga ».
Profitant du vide sécuritaire et la « compréhension » des pays d’accueil, les émigrés, les passeurs et les sournois marchands d’hommes, ont profité de cette situation pour organiser des navettes éclairs, entre Zarzis et l’Île de Lampeduza en Italie, à deux milles dinars la tête, transportant environ trois milles personnes jusqu’à maintenant. Il y aurait aussi trois embarcations accostées par la marine Tunisienne et ramenés au port de Sfax avec leur chargement d’hommes. Un bon nombre serait aussi à l’hôpital dans un état de faiblesse critique à cause de leur errance dans la mer pendant des jours sans eau ni vivres, pour se retrouver sur les cotes d’Elbibane. Un paquebot en panne aurait utilisé les tricots pour tisser un voile grotesque qui les a quand même ramenés à la cote. D’autres ont eu moins de chance et auraient chaviré laissant des morts dont trois sont confirmés, pendant qu’on parle d’une trentaine.
Malgré le contrôle de l’armée sur le port de Zarzis, toutes les plages de la région sont devenus une passoire et des groupes de gens sont perceptibles tout au long de Souihel et Hassi Jerbi, en train de rabattre les postulants, négocier les prix, organiser l’embarquement, faire monter les réserves de carburant ou calmer les rixes. Toute la ville est sillonnée par des voitures de location nerveuses, au service des passeurs, les commissionnaires et les organisateurs de ce pont fructueux. On assiste aussi à l’usage de gros tonnages dont l’un aurait transporté, hier soir trois cents cinquante personnes à la fois. Jusqu’à maintenant, les jeunes affluent vers Zarzis de l’intérieur du pays et même du nord, la gare de Zarzis, les cafés sont grouillants de jeunes, la poste est en cours d’argent pour couvrir la demande massive des retraits et des transferts de l’étranger pour des candidats de Tataouine et d’ailleurs.
Ces jeunes qui ont sacrifiés leurs vies pour la révolution, paraissent inconscients de leur réalisation, risquent encore à tort ou à raison, de bruler les étapes, comme certaines corporations et participent à l’immolation et l’incinération en mer cette fois, de notre destiné.
Lihidheb mohsen eco artiste 12.02.2011
(A la mémoire des martyrs et des victimes de la révolution)
Mémoire de la mer et de l’homme Zarzis
http://azizi-bouazizi.skyrock.com
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